Céline Magnano

Faut-il encore être original pour exister ?

Introduction

Chaque jour, des milliers de morceaux sortent. Des artistes talentueux, des sons impeccables, des productions léchées.
Et pourtant… beaucoup se ressemblent.

Alors on se pose tous la même question :

“Comment me démarquer ? Faut-il absolument être original pour exister ?”

L’industrie musicale pousse à la différenciation, à “l’identité forte”, à “l’univers unique”.
Mais dans la réalité, l’originalité pure n’existe presque jamais.
Et peut-être que ce n’est pas le but.

Parce qu’à force de vouloir “être différent”, on oublie parfois d’être vrai.


L’illusion de l’originalité

Tout semble déjà inventé.
Des décennies de styles, de courants, de révolutions musicales ont façonné une immense bibliothèque sonore où chaque idée a déjà été explorée, transformée ou remixée.

Mais ce n’est pas un problème.
Parce que l’originalité absolue n’a jamais été la clé du succès artistique.

Ce qui fait la différence, ce n’est pas d’inventer un nouveau langage.
C’est de parler celui qui est déjà là avec ta voix à toi.

L’histoire de la musique le prouve :

  • Les Beatles s’inspiraient du blues américain.
  • Daft Punk a bâti la French Touch sur le sampling.
  • Stromae a réinventé la chanson francophone avec des codes électro déjà existants.

Aucun d’eux n’a cherché à être “totalement nouveau”.
Ils ont fusionné leurs influences et les ont incarnées avec sincérité.


L’originalité est une conséquence, pas un but

Quand tu poursuis l’originalité, tu finis souvent par forcer.
Tu sur-conceptualises, tu t’éloignes de ton ressenti, tu tombes dans le calcul.
Et paradoxalement, tu deviens… prévisible.

L’originalité, la vraie, n’est jamais volontaire.
Elle naît du courage d’être soi, pleinement, sans masque.

L’artiste qui assume son langage finit par être unique sans le chercher.

C’est cette authenticité qui, à terme, devient sa signature sonore.
Un timbre de voix reconnaissable, une manière de dire, un univers émotionnel.


Authenticité vs. singularité : la nuance qui change tout

Les artistes confondent souvent authenticité et singularité.

  • L’authenticité, c’est la fidélité à soi.
  • La singularité, c’est la perception de cette fidélité par les autres.

Tu ne peux pas contrôler ta singularité.
Mais tu peux cultiver ton authenticité.

C’est ce travail intérieur, celui de te connaître, d’assumer tes influences, de comprendre ce que tu veux exprimer, qui finit par produire un style identifiable.

L’authenticité attire. La singularité découle.


Pourquoi le public ressent la sincérité avant la nouveauté

Le public ne cherche pas un son jamais entendu.
Il cherche une émotion vraie.
Quelque chose qui le touche, le transporte, lui parle.

Même si ton style ressemble à d’autres, ce que tu y mets, ton vécu, ton sens, ton intention, ne ressemble à personne.

Les gens ne se souviennent pas du mix parfait.
Ils se souviennent de ce qu’ils ont ressenti.


Se nourrir sans se diluer

À l’ère du streaming et de la surconsommation culturelle, on est sans cesse exposé à des milliers de créations.
Et sans s’en rendre compte, on absorbe les codes des autres.

Pour éviter de se diluer :

  • Écoute large, mais crée étroit.
    → Inspires-toi, mais garde un centre clair.
  • Fais des “jeûnes créatifs” : coupe la musique des autres quand tu composes.
  • Note tes intuitions avant de les confronter à l’extérieur.

C’est la seule façon de ne pas être contaminé par la comparaison ou la tendance.


Quand le marché te pousse à te conformer

Les professionnels, les playlists, les médias : tous réclament quelque chose de “reconnaissable”.
Mais la vraie question, c’est à quel prix.

Chercher à “plaire” trop vite, c’est risquer de perdre ton identité sonore.
Et paradoxalement, ce sont souvent les artistes les plus sincères, ceux qui refusent de se formater, qui finissent par créer les nouvelles tendances.

Ce n’est pas la conformité qui crée le mouvement.
C’est la sincérité qui le déclenche.

Alors ne cherche pas la norme : trouve ton centre.


La vraie originalité, c’est l’émotion

On retient les œuvres qui nous font sentir quelque chose.
Pas celles qui prouvent une idée.

Tu veux être original ? Sois profondément humain.
Sois intense dans ce que tu dis, fragile dans ce que tu ressens, précis dans ce que tu montres.

Parce que l’émotion sincère, elle, n’a pas de clone.


Conclusion

Non, il ne faut pas forcément être original pour exister.
Mais il faut être honnête.

L’originalité, ce n’est pas une performance.
C’est une émergence naturelle de ton identité.
Et la seule manière d’y parvenir, c’est d’oser être toi sans filtre.

Cherche la vérité, pas la nouveauté.
C’est elle qui fera de toi un original.

Céline Magnano

Besoin d’un accompagnement pour ton projet ? Contacte-moi

À lire aussi : Créer sans se comparer : comment survivre à la pression des réseaux sociaux quand on est artiste ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *